Dans le débat public, on parle beaucoup des défis du système de santé, pour lesquels des solutions urgentes sont nécessaires. Néanmoins, malgré tout, exercer le métier de médecin peut être très gratifiant. Nous avons donc interrogé différents professionnels de la santé pour connaître les aspects qui les rendent satisfaits de leur travail et comprendre pourquoi il vaut la peine de se lancer dans une carrière médicale.

Si seulement les patients n'étaient pas là...

Les contacts avec les patients peuvent parfois être éprouvants et épuisants. En réponse à notre question "Voudriez-vous étudier la médecine à nouveau ?", Micrudo répond avec ironie : "La profession est formidable, si seulement les patients n'étaient pas là ! :-)"

Aurélie Dupont, psychologue psychothérapeute, ressent également la contrainte des relations intenses avec les patients et cherche à compenser en réservant consciemment des moments de solitude dans sa vie quotidienne.

Cependant, dans l'ensemble, le contact avec les patients est perçu comme quelque chose d'essentiel et de gratifiant. Sophie Lefèvre, qui n'exerce plus la médecine, trouvait gratifiant de pouvoir constater les résultats de ses efforts après un traitement réussi, et d'en tirer des enseignements dans les cas négatifs.

En particulier, lorsque les patients peuvent être suivis pendant une longue période, cela est considéré comme enrichissant. C'est ce que décrit Anne-Marie Martin, gynécologue, comme l'une des principales raisons de sa satisfaction professionnelle, en particulier dans le domaine de la gynécologie :

Je voulais devenir gynécologue dès le début de mes études et je ne le regrette pas. De plus, on développe des liens durables avec les patientes, on les connaît dès leur enfance pour la vaccination contre le HPV... puis on les suit à travers l'adolescence avec toutes ses facettes, ensuite la grossesse, la période postnatale, la ménopause et la vieillesse.

Anne-Marie Martin, Gynécologie

La diversité des personnes rencontrées peut également apporter de nouveaux points de vue. C'est également ce que décrit Pierre Dubois, psychiatre et psychothérapeute, qui trouve gratifiant d'être confronté quotidiennement à "des questions de la vie réelle" et de constater régulièrement que les patients quittent l'hôpital dans un état amélioré.

Un médecin urgentiste, que nous avons interrogé pour cet article, décrit une expérience similaire :

Dans ma pratique principale en tant que médecin urgentiste, je suis directement impliqué dans la vie de mes patients. Non seulement parce que ce sont des moments où une aide urgente est nécessaire, mais aussi parce que nous nous trouvons généralement dans l'environnement familial du patient. Cela me donne une image très réaliste de la vie réelle. Cela a souvent un effet d'enracinement, c'est passionnant et cela crée une proximité très personnelle. La distance est différente de celle du cabinet médical et même sans se connaître depuis longtemps, le contact humain est rapide. La sensation d'avoir aidé - surtout dans des situations de maladie grave ou en fin de vie - est probablement unique et me procure une grande satisfaction.

Dr Étienne Lambert, anesthésiste et médecin urgentiste, Hôpital de la Pitié-Salpêtrière

Au-delà des relations avec les patients et des réussites thérapeutiques, la reconnaissance directe de la part des patients est également considérée comme un moment précieux. Ainsi, Camille Dupont, qui est globalement très insatisfaite des conditions de travail de sa profession, déclare : "Ce qui me rend heureuse, ce sont les patients qui apprécient mon travail et celui de mon équipe" - cela se manifeste par de petits gestes tels qu'un sac de croissants ou un bouquet de fleurs pour l'équipe médicale.

Un métier de médecin épanouissant, mais coûteux

Pour Alexandre Dubois, les rencontres avec les patients sont essentielles, mais avec une petite restriction :

Les patients sont la cerise sur le gâteau. Les contraintes administratives, les dossiers médicaux électroniques, la qualité, etc. gâchent ensuite le goût.

Alexandre Dubois, Chirurgie dentaire

Parmi ceux qui ont participé à la discussion, beaucoup se plaignent des contraintes liées aux systèmes de santé, des conditions de travail et de la difficulté à concilier travail et vie de famille.

Étudier la médecine et devenir médecin à nouveau

Face à notre question "Voudriez-vous étudier la médecine à nouveau ?", bon nombre d'entre eux ont répondu par un "non" catégorique. Par exemple, Isabelle Lefebvre, dentiste, déclare : "Plus jamais... En général, on peut dire que la médecine est une belle profession, quelle que soit la spécialité, mais les conditions-cadres sont vraiment difficiles".

D'autres sont toujours en grande partie satisfaits, mais ils changeraient certaines choses s'ils pouvaient revenir en arrière. C'est le cas de Marc Rousseau, neurologue, qui déclare : "Je choisirais certainement à nouveau de faire des études de médecine, mais je ne travaillerais plus comme médecin conventionné avec les organismes de sécurité sociale".

Le métier de médecin comporte sans aucun doute des défis, mais la possibilité de faire une différence dans la vie d'une personne est inestimable à mes yeux. C'est la satisfaction silencieuse qui naît de la certitude d'avoir aidé de différentes manières, grandes et petites, qui rend le métier gratifiant malgré toutes les difficultés. Toutefois, nous devons ensemble faire face et améliorer les coûts que nos familles et nous supportons pour exercer cette profession.

Dr Luc Deschamps, cardiologue, Hôpital Georges Pompidou

Le sentiment de faire quelque chose d'essentiel, de durable.

Au cours des discussions, beaucoup ont exprimé des sentiments ambivalents à l'égard de leur propre profession. Mais certains sont tout simplement heureux, comme Olivier Dubois, chirurgien vasculaire, qui répond à la question "Voudriez-vous étudier la médecine à nouveau ?" : "Bien sûr ! Il n'y a pas d'études offrant plus de possibilités professionnelles et d'exigences plus élevées dans leur mise en œuvre." Marie Tanguy, généraliste, est d'accord : "C'est le plus beau et le plus intéressant métier du monde, j'aime mon travail - depuis 45 ans. Oui, il y a beaucoup de choses qui doivent être changées. Néanmoins, c'est et ça restera mon métier de rêve !"

Cette attitude est partagée par beaucoup : bien que la profession soit source de stress et que les conditions de travail doivent être améliorées à de nombreux égards, la médecine est toujours perçue comme une activité épanouissante. Le sentiment de faire quelque chose d'utile est également décrit par Aurélien Dupont, psychologue psychothérapeute : "Je ne suis pas médecin, mais ce qui me satisfait dans mon cas, c'est le sentiment de faire quelque chose d'essentiel, de durable - contrairement à toutes ces choses "quelque chose avec les médias", les start-ups et les influences insignifiantes".